La contribution des chiens, chats, lapins, rongeurs, oiseaux à notre qualité de vie a été reconnue par la convention européenne pour la protection des animaux de compagnie. Pour autant, si vivre avec un animal peut être une source permanente d’enrichissements, qu’en est-il pour ceux qui doivent partager leur foyer avec une espèce inconnue ? Présenter un chien à un chat, un chat à un lapin ou un lapin à un chien : la cohabitation entre espèces peut être une expérience positive pour tout le monde, à condition de prendre quelques précautions.
Vous avez déjà un animal et souhaitez en accueillir un autre, d’une espèce différente ? Sur ce sujet, on trouve pléthore de conseils – contradictoires – sur les forums notamment, comme autant d’expériences individuelles érigées en règles absolues. Pour autant, si tous les « mariages » ne sont pas possibles, les plus improbables aboutissent parfois à de belles réussites. Pas de généralités donc, en matière de cohabitation interspécifique (entre des espèces différentes), mais uniquement des individualités, des animaux avec un caractère, un tempérament et une histoire qui leur sont propres.
La première règle d’or est d’éviter de proposer un nouveau venu à un animal qui n’est déjà pas bien dans ses pattes : attention donc aux plus fragiles, aux malades et aux animaux âgés, qui peuvent mal vivre un tel changement de leur cadre de vie. Connaître et respecter les besoins élémentaires de chaque espèce autant que les besoins de votre animal en particulier est également crucial. Si la familiarisation d’un chien à l’espèce chat, c’est-à-dire le fait qu’il connaisse les chats et les tolère ou les ait tolérés dans le passé, est un bon point pour mettre davantage de chances de votre côté, elle ne fait pas tout non plus. Car un chien peut être habitué à tel chat et avoir un comportement différent avec tel autre, inconnu. Il peut même s’entendre avec le chat de la maison tant qu’il est à l’intérieur et se mettre à le poursuivre une fois ce petit monde au jardin. Chez le chien, les comportements de poursuite et de prédation (attraper une proie) sont des comportements naturels, ancrés au plus profond de ce qu’ils sont : même le plus rigoureux des dressages ne pourra y mettre fin.
Aménager son logement
De la même manière, les différences entre espèces peuvent causer des malentendus plus ou moins malheureux : un chien est un coureur, un chat un sauteur, un lapin est une proie pour le chat, le chien qui remue la queue a envie de jouer, tandis que le chat qui fait la même chose est agacé, un chat mange toute la journée, le chien deux à trois fois par jour, etc. D’où l’importance de procéder à un aménagement adéquat de votre logement, tel que des refuges en hauteur pour le chat, un espace dédié pour que le chien puisse manger en toute tranquillité, une pièce séparée pour le lapin, du moins le temps que tout le monde ait bien fait connaissance.
Les premières présentations devront se faire progressivement et sous surveillance. Si c’est un chien qui arrive dans un logement déjà occupé par un ou des chats, le tenir en longe lors de la rencontre permettra d’éviter un premier contact musclé, effrayant pour tout le monde, et qui provoquera une association négative pour le félin. Si le nouveau venu est un chat, l’installer dans une pièce à laquelle le chien n’aura pas accès, du moins les premiers temps, lui permettra de s’habituer doucement à son nouveau logement autant qu’à vous, de sentir la présence du chien, puis d’aller à sa rencontre lorsqu’il se sentira prêt. L’important est de ne jamais forcer les présentations, en tenant l’animal dans les bras par exemple, et de ménager à chacun une porte de sortie s’il prend peur ou refuse tout simplement l’interaction.
Concernant le lapin, il faudra prendre garde à habituer le chien de la maison à la présence de cette potentielle proie, attendre qu’il soit capable de se comporter calmement devant la cage, avant de tenter un premier contact, en maintenant le chien en laisse, par sécurité. Pour le chat, la chose est encore plus délicate, voire fortement déconseillée si le chat sort, donc chasse. Une sociabilisation précoce (la mise en contact du chaton avec des lapins) est un facteur d’influence positif mais la vigilance permanente en cas de contacts entre ce prédateur et sa proie est capitale. L’idéal est la plupart du temps de réserver une pièce au lapin.
Ne pas punir
Lors des premiers jours de la cohabitation, chat, chien et lapin devront de toute façon pouvoir se soustraire à la présence des autres, afin de pouvoir se reposer en sécurité et se remettre de leurs émotions. Chien et chat peuvent s’ajuster d’eux-mêmes et la règle de non-intervention est elle aussi importante : ne rien forcer, laisser chacun venir à l’autre, exprimer ses émotions. Ainsi, le chat de la maison risque fort de cracher sur le chien nouvellement arrivé, sans que cela implique qu’ils ne s’entendront jamais ! Vous pouvez mettre de l’huile dans les rouages en utilisant les associations positives, c’est-à-dire en faisant en sorte que la mise en présence des animaux soit associée pour eux à une chose agréable, comme une toute nouvelle friandise, un nouveau jouet ou même un câlin, en fonction des préférences de chacun. C’est pourquoi punir ou réprimer un comportement qui semble agressif est, d’une part, inutile (l’animal ne peut pas comprendre qu’on le punisse pour avoir exprimé une émotion), et, d’autre part, contre-productif, puisque cela associera la présence de l’autre à un événement négatif.
Respect, méthode, prudence, vigilance et patience : la mise en présence d’animaux qui ne se connaissent pas, et à plus forte raison s’ils ne sont pas habitués à l’autre espèce, peut prendre du temps. L’intervention d’un comportementaliste peut vous aider à vous poser les bonnes questions sur votre projet de faire entrer un nouvel animal dans votre foyer et d’y voir plus clair si la cohabitation se passe difficilement.