Il est encore possible aujourd’hui de se procurer et d’utiliser des colliers étrangleurs et/ou à pointes. Un matériel que certains professionnels continuent de vanter, alors que son usage est aussi cruel qu’inefficace.
Colliers étrangleurs, semi-étrangleurs, à pointes ou « torquatus » : ces accessoires sont encore présentés comme le nec plus ultra en matière de dressage pour les chiens par nombre de professionnels et de clubs canins. Normal, l’effet est immédiat. Avec un tel type de matériel, les chiens comprennent en effet souvent très vite qu’ils ne doivent plus tirer au bout de la laisse. Mais pour combien de temps, c’est une autre question.
Comment fonctionnent ces produits ? Dans le cas des colliers étrangleurs composés d’une simple chaîne métallique, à chaque fois que le chien tend la laisse, la chaîne coulisse autour de son cou via un petit anneau et finit purement et simplement par lui couper le souffle en l’étranglant. Mettons-nous à sa place quelques instants : même les plus têtus finissent par comprendre que le fait de tirer sur la laisse déclenche une souffrance. Donc, ils ne tirent plus. CQFD. Pour les colliers à pointes, ou torquatus, le mécanisme est encore plus douloureux, puisque chaque tension de la part du chien fait pénétrer les pointes en métal du collier dans la chair de son cou.
Une entorse à la loi ?
Les propriétaires de chiens qui utilisent ce système se défendent en général de toute accusation de cruauté en affirmant que la douleur est acceptable car temporaire. Le collier est alors présenté comme un accessoire de dressage, que l’on finit (parfois) par enlever quand le chien est « éduqué ». Malheureusement, nombre de chiens se retrouvent prisonniers de ce douloureux objet toute leur vie.
En quoi ce type de matériel est-il une très mauvaise idée ? D’abord parce qu’il blesse l’animal. On peut d’ailleurs se demander pourquoi la commercialisation de ces colliers est encore autorisée, puisque la législation elle-même (loi n°2003-628 et décret n°2004-416) proscrit toute méthode de dressage « portant préjudice à la santé et au bien-être de l’animal, notamment […] en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses ». Sur ce point, difficile de prétendre que l’étranglement, avec ou sans pointe, ne provoque pas de souffrance.
Ensuite parce que l’usage de ces colliers est totalement contre-productif. En effet, que se passe-t-il dans la tête du chien ainsi « dressé » ? Il apprend certes que le fait de tirer sur sa laisse va instantanément déclencher une douleur. Une douleur qu’il sait pertinemment associer à l’objet autour de son cou. Autrement dit, une fois le collier ôté, le chien retrouvera sa liberté de mouvement et recommencera à tirer. Mais, surtout, c’est ici la relation homme-animal qui en prend un coup.
Bombes à retardement
Car le chien apprend par association. Il est donc tout à fait capable de faire le lien entre l’objet douloureux autour de son cou et la personne qui a provoqué cette douleur, à l’autre bout de la laisse. Un apprentissage qui se fait dans le stress et qui est susceptible par la suite de déclencher des conduites agressives, le chien ayant appris qu’on peut lui faire du mal quand il répond simplement à un besoin élémentaire (flairer, explorer, courir, etc.). D’autre part, les études scientifiques les plus récentes ont montré que, aussi bien chez les animaux que chez les humains, un environnement anxiogène peut bloquer toute capacité d’apprentissage. En résumé, avec les colliers étrangleurs, à pointes ou, pire, électriques (encore plus stressants pour l’animal, qui ne comprend pas d’où vient la douleur et qui finit par avoir peur de tout en permanence), ce sont de véritables bombes à retardement que l’on fabrique.
Enfin, aucun accessoire ne remplace l’éducation. Et pour cela, le matériel est tout simple : une laisse à plusieurs points pour en régler la taille et travailler la marche au pied par exemple, une longe de plusieurs mètres pour travailler le rappel en toute sécurité, éventuellement un collier martingale, qui permet de contraindre le chien à s’arrêter en cas de danger sans le blesser, et, bien sûr, des friandises pour pouvoir le récompenser. Ainsi paré, les séances d’éducation avec votre chien peuvent se dérouler dans le respect et la confiance mutuels, en toute complicité. Objectifs : lui apprendre à se concentrer sur vous, à avoir envie de comprendre ce que vous attendez de lui et, surtout, à avoir envie de le faire !