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Relation homme-animal : chacun cherche sa place

Publié le 15 mai 2017 | Classé sous :Chats, Chiens, Lapins

Anthropomorphisme, attentes trop fortes et impossibles à satisfaire, contagion émotionnelle : et si les troubles du comportement qui touchent l’animal de compagnie n’étaient que les symptômes de difficultés humaines ? Quand la relation se grippe, ce protagoniste silencieux peut en effet jouer un rôle de révélateur de nos propres vulnérabilités.

« Chaque année en France, plus de 100 000 animaux sont abandonnés et des centaines de procédures sont engagées pour des faits de maltraitance. » Ce rappel figure en préambule du chapitre « Animaux de compagnie » du manifeste Animal politique, rendu public en novembre 2016 par 26 organisations de protection animale. Il regroupe 30 propositions thématiques sur lesquelles les candidats à l’élection présidentielle sont appelés à se positionner. Y est soulignée la méconnaissance dont les animaux de compagnie font l’objet, « un manque d’information conduisant souvent à la non-stérilisation des animaux, aux abandons, ainsi parfois qu’à une euthanasie sans autre motif que le confort du propriétaire ».

Cette méconnaissance, plus ou moins importante, est la source de nombreux malentendus, l’animal n’étant pas considéré pour ce qu’il est. Aux causes de l’achat ou de l’adoption d’un chien ou d’un chat répond en effet un ensemble de besoins humains et de rôles dont il sera investi, le renvoyant à sa seule fonction de « compagnon », au détriment de ses besoins élémentaires. Une relation homme-animal faussée dès l’origine donc et productrice de divers troubles du comportement.

Maltraitance ?

Au premier rang de ces malentendus : l’anthropomorphisme. Du prénom humain à la mode vestimentaire pour animaux, il consiste à plaquer sur le chien ou le chat un modèle d’interprétation qui ne lui correspond pas. Suralimentation, excès de toilettage, dégriffage, petits chiens toujours portés ou chats parfumés : c’est la communication intraspécifique qui est mise à mal par ce type de dérive. Par la force des choses, un hyper-attachement à l’humain finit par se mettre en place, menant parfois à des conduites agressives. Maltraitante, cette façon d’« aimer » les animaux pour ce qu’ils ne sont pas ?

Prenons le cas d’Alice, ce petit bouledogue de deux ans, adoptée par un couple ayant de jeunes enfants. Une chienne dite « agressive et dominante » car aboyant beaucoup, réclamant de l’attention, surveillant les faits et gestes des membres de la famille, grognant sur les invités. Du moins d’après ses propriétaires. En réalité, Alice vit dans un environnement sonore très bruyant, est rabrouée dès qu’elle émet un son, renvoyée à son panier au moindre mouvement de sa part, etc. Dans le même temps, on la manipule comme un jouet, on lui refuse des sorties suffisamment libres pour pouvoir explorer et fréquentes pour éliminer, et le foyer entier passe son temps à crier. De telles incohérences dans le comportement humain sont incompréhensibles pour l’animal, qui ne sait plus ce qu’il peut, doit ni ne peut ou ne doit pas faire.

Terminologie piégée

« Alors que l’on considère de plus en plus les animaux de compagnie comme des membres de la famille, ou à tout le moins de fidèles amis, écrit le chercheur canadien en philosophie Frédéric Côté-Boudreau, on continue à qualifier ceux et celles qui les adoptent comme étant leurs “maîtres et maîtresses” ou leurs “propriétaires”. » Le premier terme renvoyant à « une situation de domination et de pouvoir », le second « réduisant l’animal au statut de propriété, possédée par son propriétaire », c’est donc la terminologie même qui serait piégée. Et qui travaillerait à retarder la prise de conscience de l’incohérence, voire de la brutalité, de nos rapports avec les animaux. L’histoire de Dina, cette chatte « reproductrice », à la fragilité émotionnelle naturelle, en est un bon exemple : qualifiée de « mauvaise chatte d’élevage » par sa propriétaire, elle était critiquée pour sa passivité face aux autres chats, son incapacité à supporter les expositions et, surtout, pour des périodes de chaleurs trop rares. Une mauvaise chatte d’élevage ? Une telle sentence impliquerait d’abord que Dina connaissait sa mission – se reproduire – et de plus qu’elle refusait de la remplir. Bel exemple des dégâts que l’anthropomorphisme peut causer sur l’équilibre émotionnel de l’animal.

C’est pourtant en rejetant ce modèle humain d’interprétation du comportement animal que des avancées scientifiques majeures ont pu se faire jour depuis deux décennies, en matière d’intelligence animale. Au point aujourd’hui de parler de révolution. « Il ne s’agit plus de veiller, par souci de rigueur, à ne pas attribuer aux non-humains des compétences qui seraient les nôtres, explique l’éthologue et philosophe belge Vinciane Despret. Il s’agit à présent de s’intéresser à ce qui leur importe, à ce qui compte pour eux, à ce qui, dans leur monde, prend une signification. » [1] Autrement dit, plus question de condamner la présumée bêtise d’un chien. S’il ne répond pas correctement à nos attentes, c’est peut-être parce que nos attentes ne correspondent pas à ce qu’il est. Surtout, parce que son intelligence se manifeste ailleurs, et pas forcément dans ses liens avec nous.

« Les moutons sont-ils bêtes parce que ce sont des animaux peu sophistiqués ou sont-ils bêtes parce qu’on leur a posé des questions qui ne rendent pas très intelligents ? » s’interrogeait ainsi la scientifique américaine Thelma Rowell, au début des années 1960. Plus d’un demi-siècle plus tard, Vinciane Despret plaide à son tour pour cette « écologie de l’intelligence » : il s’agit de « s’attacher à comprendre ce qui importe dans la vie des animaux [étudiés] et ce qui en fait le sens, et à comprendre où leur intelligence propre se manifeste : les liens, l’amitié et les alliances, la transmission, les inventions, les histoires qui tissent le quotidien et qui fabriquent des styles de culture animale ».

Éponges affectives

Ce quotidien précisément, lorsqu’il est partagé, relève de l’intime, dans la relation qui se noue entre l’humain et l’animal : des composantes affectives entrent en ligne de compte, sensations, émotions, et chacune des parties y investit une part d’elle-même. Et, quand les dysfonctionnements se font jour, chacune semble faire preuve de comportements « normaux » à son échelle, bien qu’inacceptables par l’autre espèce. Par exemple, se voir refuser la possibilité d’exprimer ses comportements naturels ou les voir sans cesse réprimés est une source importante de stress chez le chien comme le chat. Pas de contacts intraspécifiques libres, impossibilité de flairer pour le premier, nourriture inaccessible, litière inadaptée pour le second sont autant de facteurs qui peuvent générer une anxiété importante chez eux. Et conduire à leur inhibition ou à des comportements adaptatifs gênants (griffades sur les meubles, malpropretés, nuisances sonores), voire à des conduites agressives, visant à se libérer des tensions accumulées.

« Dès l’instant où l’on tisse des liens d’attachement entre humains et animaux, chacun peut devenir le symptôme de l’autre, écrit le psychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik [2]. Et comme c’est le propriétaire qui a le monde mental le plus riche il l’exprime souvent à son insu et cela façonne une partie du comportement de l’animal. » Comme ce couple, venu chez le vétérinaire pour leur chien, et qui se dispute sans arrêt la parole, finit par crier, le tout au-dessus du chien, qui commence à aboyer avant de se faire rabrouer par son propriétaire : « Le chien est devenu le symptôme de la compétition relationnelle existant dans le couple. » [3]

Véritables « éponges affectives », les animaux domestiques peuvent ainsi révéler, par leurs troubles, les vulnérabilités humaines. La contagion émotionnelle s’opère lorsque la détresse de l’humain finit par se propager à l’animal : « Que le propriétaire soit dépressif et son chat va avoir une activité, un comportement ralenti. À l’inverse, si le propriétaire est en proie à une excitation, le chat aura tendance soit à s’éloigner soit à partager cette excitation. » Quant au deuil, qui fait de l’animal le remplaçant « en moins bien » de l’animal décédé, il fragilise et isole d’autant plus l’humain dans sa détresse et dans sa projection sur le « nouvel » animal que la société nie le chagrin qui accompagne la perte d’un compagnon non humain.

Prise de conscience

Ce qui se joue dans la relation que nouent les protagonistes humains et animaux implique la rencontre de deux réalités, de deux sensibilités et de deux moyens de communication. À ce titre, elle nécessite de la patience, un certain sens de l’observation, autant que de l’empathie et de la pédagogie. Un exemple original de pédagogie a d’ailleurs été donné ces dernières années par l’apparition des « cafés à chats ». Objet de débat vigoureux chez les éthologues comme chez les activistes de la protection animale, s’il soulève des questions sur l’utilisation de l’animal dans un cadre commercial, il peut néanmoins participer, selon Frédéric Côté-Boudreau, à l’émergence d’une prise de conscience : « Si, pour les clients, ce café est un lieu de visite, pour les chats il s’agit de leur résidence. Si l’on accepte de partager l’espace et le quotidien avec eux, cela implique nécessairement de s’entendre sur des règles pour vivre ensemble. L’annonce de tels règlements rappelle également que les animaux ne sont pas des jouets ou des bibelots à la disposition des clients. »

L’animal, sujet d’une vie ? Sans aucun doute, comme le rappelle la primatologue Jane Goodall, renversant la perspective : « L’homme est une partie intégrante et non divisible du règne animal. Si ce fait est acquis, la déconstruction de nos certitudes sur le rapport homme-animal gêne encore de nombreuses forces conservatrices. Rompre avec son héritage culturel est sans doute une des plus grandes révolutions. » Alors que notre relation à l’animal, à tous les animaux, les charge d’un rôle que l’homme seul s’est permis de leur attribuer, c’est bien à lui de défaire ces liens biaisés, non respectueux de leur nature.

  1. Karine-Lou Matignon, Révolutions animales, octobre 2016, Arte Éditions, Les Liens qui libèrent.
  2. Boris Cyrulnik, « Les animaux de compagnie peuvent être des symptômes de troubles psychiatriques », Le Monde, 27 septembre 1999.
  3. Karine Lou Matignon, Sans les animaux, le monde ne serait pas humain, chapitre « Boris Cyrulnik », Le Seuil, 2000.

Article publié dans l’emag n°8 de Vox animae.

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